[BG] Elijah.

Les pleures d’un enfant brisèrent le silence de la nuit dans l’une des tentes de l’Oasis. C’est dans les froides températures de l’hiver, même dans le désert ardent, que la mère épuisée accueillait son enfant dans ses bras, accompagnée par une autre perle qui s’était chargé de mener à bien la mise à bas. Le père, aussi dur et froid que l’hiver qui frappait les landes à ce moment était en retrait, n’ayant même pas daigné un regard à sa progéniture. Cette attitude fut l’annonce des dix premières années d’Elijah.

Enfance

Elijah, enfant de faible constitution et en cruel manque de muscles suivait les enseignements que tous bons Kheijans se devaient d’apprendre, à sa demeure. Sa mère veillait à son éducation alors que le père les faisait vivre; une famille des plus communes. Vu comme un sans-avenir par son père militairement impliqué, due à sa corpulence, il comprit malgré son jeune âge qu’il ne pourrait obtenir l’attention de son père de sitôt. C’est donc au travers l’absence et l’insouciance de son patriarche qu’il grandit, n’obtenant aucun entrainement physique que ce soit de la part de quiconque, seulement l’éducation de sa mère. C’est pourquoi très jeune il fut initié aux coutumes et croyances Kheijans, le promettant à un avenir fidèle et digne au Roi Soleil, même si son corps semblait vouloir en dire le contraire. Ainsi, très jeune il était déjà habile avec les mots et leurs signification. Passant son temps à se faire lire divers écrits et récits de l’histoire du peuple ou encore de fins penseurs. Cette petite vie facile perdura de la sorte jusqu’au matin où il se leva avec l’âge de dix ans.

C’est dix hivers après son premier respire qu’il fut désagréablement réveillé par son père. Il ouvrit les yeux embrouillés sur cet homme bâtit qu’il reconnaissait à peine, cet homme qui était encore après tous ces années presqu’un inconnu. L’indigné de son fils lui ordonna de se relever d’un ton ferme. Sans même prendre le temps de manger quoi que ce soit ou de prendre quelques vêtements en surplus, il entraina l’enfant avant lui. Elijah savait ce qui l’attendait, durant ces dix premières années il avait pu être informé plus que ce qui était nécessaire sur cette tâche qui approchait. Telle une vulgaire commission que son père se devait de faire, il fut amené sur des terres qu’il n’avait encore jamais vues. Les dangers du monde dont sa mère l’avait gardé jusque-là, mais elle n’était plus là pour le protéger. C’est dans les confins du désert que le patriarche abandonna son enfant, sans réelle parole et avec probablement le profond désir de ne pas le revoir. Il pouvait enfin passer à autre chose et espérer un fils digne de sa propre carrière.

C’est une semaine plus tard, jour pour jour, que la silhouette d’Elijah se dessinait à l’horizon du désert, depuis l’Oasis. Au désarroi de son père et au bonheur caché de sa mère il revint à la tente, figé par les froids des profondeurs du désert et encore plus maigre qu’il ne l’était. Comme la voulait la tradition, un Kheijan revenant de son propre chef du désert était désormais un homme. C’est bien malgré lui que le père se devait maintenant de reconnaître son fils, il ne pouvait plus le cacher sous les toiles de sa demeure, ni derrière sa femme.

Adolescence

Bien que personne, pas même Elijah, pouvait expliquer comment il avait pu se sortir des menaces du Khandras, il n’en devint pas pour autant un homme voué au Clan Pacha comme l’aurait voulu son père. Au fil des années il passa sous la tutelle de plusieurs sages ou même Vizirs du peuple, leur démontrant tour à tour une détermination de fer à se prouver. Se prouver, mais d’une autre manière que par sa force physique. Comme il l’avait compris très jeune, il se devait de pallier à son manque de force brute par une connaissance accrue, un intellect qui surpasserait les plus simples d’esprit. Ainsi, c’est dans les alentours de sa 19ième année qu’il finit par se faire reconnaitre, autant par son père que par ses tuteurs. Il faisait preuve d’une logique et intelligence supérieure qui lui était propre désormais. Il aurait pu en faire de sa personne un fin stratège au sein du Clan Pacha, en faisant ainsi un heureux, mais c’est d’autres pensées qui occupaient son esprit.

Ainsi, alors qu’il passait encore de tuteurs en tuteurs, lentement aux grés des années, il se faisait plus rêveur. Diminuant ses études quelconques, il passait de plus en plus de temps seul, reclus du reste du peuple. Alors que certains y voyaient un comploteur, d’autres l’apparentaient seulement à un ermite. Un mystère l’entourait peu à peu.

Aujourd’hui

En ce jour, à l’âge de 23 ans, il se fait toujours aussi rêveur. Une nouvelle énergie semble l’animer lors des jours qu’il se présente aux autres, ajoutant encore au mystère qui l’entoure. Souvent, alors que son père tentait de le convaincre à un avenir aux Pachas, il se faisait rappeler son devoir en tant que Kheijan et en tant que son fils. Selon ses dires, Elijah se devait d’être un poursuivant de l’honneur et de dignité. Son père servait les Clans afin de préserver ce qu’il jugeait être la justice et œuvrait seulement pour la Sainte. Elijah, lui a une toute autre vision. En tant que Kheijan, il se doit de montrer au reste des landes qu’il fait partit d’un peuple Élite. Ils sont la supériorité et tous se doivent de le reconnaitre, ils sont les seuls vrais justiciers de ce monde. Comme son père se vouait à la sainte, Elijah lui croit qu’il se doit de propager la voix du Roi Soleil et ce de quelconque manière. Ceux qui s’y opposeront feront une grave erreur.

C’est dans ce fanatisme naissant et une vision radicale de son devoir qu’il développa ce qu’il disait être une habileté spéciale. Une habileté qu’il gardait au plus profond de lui-même, un don naissant à même de son devoir, quelque chose qui allait l’appuyer dans ses démarches futures. C’est dans un mystérieux secret qu’il cultivait cette capacité qui lui était encore inconnue à lui-même et qu’il se dirigea lentement vers le Clan des Vizirs...