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 [BG] Zabira

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AuteurMessage
Zabira, Kheijan
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Zabira, Kheijan


Nombre de messages : 3
Date d'inscription : 13/05/2008

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MessageSujet: [BG] Zabira   [BG] Zabira I_icon_minitimeMar 11 Jan - 23:11

(Je devrais vous rejoindre bientôt, normalement peu après que le gros méchant Monstre soit vaincu. BG susceptible d'être modifié si besoin il y a, particulièrement si j'ai écrit des inepties Rolling Eyes )

- Tu te rrrendrrras en Najarrr'him le temps que je m'occupe de cerrtaines choses ici. Youcef t'accompagnerra jusqu'aux porrtes puis rrreviendrra m'aider. Soit digne.
- Vay, Azziz.

Déjà, il avait détourné la tête, n'entendant pas le surnom qu'il lui laissait lui donner en privé. Son frère. Son très cher frère qui la chassait loin de lui. Elle en fut attristée, mais n'en montra rien. Rapidement, elle assembla quelques effets et s'assura qu'il ne manquerait de rien. C'était inutile et elle le savait; leur soeur cadette, Halima, était apte à tenir le camp ordonné. Mais elle ne pouvait s'empêcher de vérifier quand même.

Elle ne connaissait pas la Cité. Elle en avait entendu parler par les différents hommes de passage à leur camp, alors qu'elle leur servait le thé, et se doutait qu'un jour Azziz s'y rendrait. Il était ambitieux, son très cher et jeune frère, et elle ne pouvait que l'aider dans cette voie en se comportant de manière exemplaire. Comme elle l'avait toujours fait, pour ne pas accabler de honte l'homme qu'elle aimait.

Le fils de la soeur de sa mère, Youcef, était un homme silencieux qui savait lire les signes du désert, même les plus infimes. C'est donc en silence qu'ils firent le voyage, et elle eut tout loisir de ressasser des souvenirs alors qu'ils traversaient les dunes. Celui qui lui revenait toujours en premier, et qu'elle polissait comme un talisman en sa mémoire, c'était le jour où Azziz avait été emmené, enfant, affronter l'épreuve du Très-Haut. Sous la chaleur accablante du Roi-Soleil, elle frémit comme elle avait frémit cette journée-là.

Ils étaient nés jumeaux. La mère de sa mère avait eut peur que cela affecte leur essence; que la fillette se comporte en garçon, ou l'inverse. Elle pria l'Al'Sitah chaque jour pour que cela n'arrive pas, et fit en sorte que cela n'arriva pas. Elle fut plus stricte avec eux qu'avec n'importe quel de ses rejetons, la redoutable Apama aux charmes fanés.

+C'était une journée chaude et étouffante comme aujourd'hui, pensa-t-elle avant de poursuivre l'évocation. Apama voulait qu'ils aillent chercher de l'eau au puit, mais Azziz se reposait à l'ombre. Il fit mine de ne pas l'entendre. Il avait presque dix ans. Apama avait élevé la voix. Cela l'avait irrité, et d'un ton suffisant, il avait lancé, de sous le palmier où il était assis :

- Pourrquoi m'orrdonnes-tu, femme, comme tu orrrdonnerrais un esclave ? Je suis un homme.

Il n'avait pas encore dix ans. Elle se mit à trembler quand Apama s'approcha de lui à grandes enjambées et l'empoigna par le bras, le trainant avec toute la raideur de son vieux corps. Elle le poussa en premier dans la tente où se trouvait leur père, et dit, sans ambages, avant de retourner à ses tâches :

- Ton fils.

Lentement, Akram fini la lecture du pli rigide qu'il tenait entre ses mains, pendant qu'Azziz demeurait immobile au sol, comme une souris hypnotisée par la simple présence d'un serpent. Le vent soufflait. Son père prit la peine de rédiger une réponse, n'ayant toujours pas daigné remarquer la présence de l'enfant terrorisé. Lorsqu'Akram posa son regard sur lui, Azziz su ce que c'était que d'exister aux yeux de quelqu'un qui en valait la peine. Et immédiatement, il en voulu davantage, de ces yeux qui attestaient son existence. Une convoitise sans fin se nicha en son coeur, et il cessa de trembler. Apama l'avait mené devant son père, et l'avait nommé « fils ». Il savait que le Rite de Passage l'attendait.

Elle n'avait pas osé pénétrer la tente, enfant terrifiée qu'elle était. Elle se tenait en retrait, à demi cachée par un autre bâtiment sommaire. Elle vit son frère sortir, et rien qu'à sa démarche, elle su que quelque chose avait changé en lui. Son père fermait la marche, tout deux se dirigeant vers l'enclos provisoire des chevaux. Le vent soufflait plus fort à présent, et faisait voleter le sable. Akram monta d'abord, puis saisit Azziz par le collet pour le faire monter en croupe. Sans un mot, ils partirent. Quand ils furent hors de vue, elle tomba à genoux et se mit à implorer l'Al'Sitah de lui rendre son frère.+

Elle cligna des yeux à quelques reprises, chassant les larmes qui avaient trouvé refuge dans le coin de ses paupières. Le désert n'avait pas failli; son frère était parti enfant et était revenu homme, il y avait de longues années de cela déjà. Après l'inquiétude venait le réconfort, et c'est avec un soupir à peine audible qu'elle se remémora son retour.

+Une matinée encore fraiche. Quelques jours qu'Azziz était parti, ses yeux étaient secs et toutes ses pensées, tournées vers lui. On l'envoya cueillir des dattes en périphérie du campement, ce qu'elle fit en trainant les pieds. Elle se jucha sur le sommet du palmier, commençant le mouvement répétitif en fixant l'horizon. La monotonie la rendit distraite, et cela lui prit un moment avant d'apercevoir le point qui grandissait lentement en s'approchant. Elle s'arrêta pour mieux contempler le phénomène, dévalant ensuite palmier et dune pour se rendre jusqu'à la tente de son père, où elle se jeta à genoux en criant :

- Un enfant fut donné au déserrrt; et du déserrrt rrrevient un homme !

Les paroles rituelles de la première personne à apercevoir un homme. Prestement cette fois, Akram se leva pour aller accueillir son fils, et le nommer, la laissant là. Elle s'empressa de le suivre, demeurant néanmoins toujours un pas derrière lui. Elle avait eut l'honneur de le voir en premier, mais la suite appartenait uniquement à son père et son frère.

- Le Rroi-Soleil t'as jugé digne. Désorrrmais, tu te nommerras Habaek ibn Akrrram ibn Bakirrr Al'Jabbarr. Ce soirr serra soirr de rrréjouissances pour le campement, carr un nouvel homme nous aiderra à accomplirr la volonté de l'Al'Sitah !

Elle pleura. Son frère avait reçu son nom. Mais elle ne pouvait se permettre ce relâchement bien longtemps; il y avait mille et une choses à préparer pour les festivités. Elle savait déjà ce qu'elle allait faire: tailler fruits et légumes en délices pour les yeux, les agençant de façon à susciter l'appétit même d'un ascète. Ses cousines danseraient, ses tantes se chargeraient de la viande, des volailles et des poissons. Sa mère, la délicate Nakbin, superviserait le tout pour ensuite faire le thé. Elle lui demanderait à elle, Zabira, et nulle autre, de goûter à chaque plat avant de l'envoyer, car elle était celle des femmes qui avait le goût le plus développé. Et c'est ce qui se passa.+

Il en restait un. Sur le chemin de la mémoire, il restait un souvenir qu'elle ne pouvait chasser, le plus troublant de tous, celui qui lui mettait le feu aux joues.

+Elle portait le voile depuis peu, et elle en était fière, malgré qu'elle fut devenue femme bien après qu'Azziz fut homme. Un étranger à la silhouette grotesque était de passage en leur campement pour faire du troc, et elle l'avait entr'aperçu donnant une gourde louche à Azziz. Cela l'intrigua et plus tard dans la journée, elle se rendit au puit, fourrageant un instant dans le tas de pierre qui se trouvait plus loin, cachette de prédilection pour toutes les trouvailles de son jumeau. Elle y trouva la gourde et la déboucha, humant son contenu. N'en reconnaissant pas l'odeur, elle trempa un doigt pour y goûter. C'était fort et amer, à la fin une touche de céréale restait en bouche. Elle classifia cela dans les « mauvais » sans plus de cérémonie, rebouchant et replaçant le tout. En rentrant, elle s'interrogea sur la pertinence de s'efforcer à faire d'excellents repas si les hommes pouvaient boire des choses aussi horribles. Assurément, cela devait dégrader leur palais.

Le soir venu, il lui incomba l'entretient des feux. En périphérie du camp, elle trouva son frère seul à un feu, la gourde pendant tristement, à peine retenue par la lanière qui s'effilochait. Il avait le regard vitreux et le teint pâle, aussi s'approcha-t-elle de lui pour s'informer de son état. Il avait répondu quelque chose d'incompréhensible et avait voulu se lever, mais avait chanceler à mi-chemin pour se rasseoir plutôt brutalement par terre. Inquiétée, elle avait passé un bras sous lui pour l'aider à se rendre jusqu'à sa tente. Heureusement pour la fierté de son frère, les seuls encore debout à cette heure étaient les sentinelles et elles regardaient l'extérieur du camp, pas l'intérieur. Elle eut tout loisir de sentir l'odeur de céréale dans l'haleine de l'homme, et de l'entendre maudire à voix basse le marchand qui lui avait supposément vendue une boisson qui rendait plus fort et aiguisait l'esprit. À ce qu'elle pouvait en juger, elle avait plutôt l'effet contraire. Elle le posa sur sa couche, s'assura de l'état du feu et s'apprêta à partir. Elle l'entendit l'appeler faiblement par son nom et elle s'arrêta, ayant à moitié soulevé le pan de la tente.

- Le Soleil se lève dans tes yeux, Zabirrra.

Son coeur manqua un battement, puis elle sortit comme si elle n'avait rien entendu. Comment son frère avait-il pu dire quelque chose d'aussi, d'aussi...! Dénué de sens. Charmant. Horrifiant et beau à la fois. Quand elle eut rejoint sa couche, elle se tourna et se retourna longtemps, au moins autant qu'elle tourna et retourna la phrase dans sa tête. Au matin, elle ne dormait toujours pas.+

Youcef avait parlé. Ils étaient arrivés en vue des murailles. Elle le remercia de l'avoir accompagné jusqu'ici et s'excusa du désagrément que cela avait dû être. Elle lui remit aussi un baume dans un sac de cuir, pour adoucir la sensation de brûlure des muscles fatigués. Et elle lui demanda une dernière faveur; transmettre ses saluts à son frère, et l'espoir qu'elle avait qu'ils la rejoignent bientôt en la Sainte Cité.
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[BG] Zabira
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