Sharra Taajd Étranger
Nombre de messages : 68 Age : 34 Date d'inscription : 14/03/2009
| Sujet: Au coeur du désert. [BG Sharra] Mar 21 Déc - 10:47 | |
| Cette fois-ci, il la prit en flagrant délit. Le vieux Abd clopinait, appuyé sur son bâton hideux qui déguisait en réalité un puissant sceptre de mage. Son ombre âgée s'étendit sur la frêle silhouette agenouillée de Sharra. Elle arrangeait une composition de fleurs séchées sous un petit buisson ardent. Bien qu'elle ne le vit pas approcher de ses propres yeux, elle sentit son aura l'oppresser, et savait qu'il était là, prêt à parler.
"On ne se rrecueille nohem surr les tombes d'hérrétiques ma fille."
Pas un seul brin de reproche ne dirigeait sa voix, il avait eu, au contraire, le timbre le plus doux et le plus paternel qu'il soit. Sharra haussa les épaules. Ce n'était pas vraiment une tombe, il n'y en avait pas. Elle avait trouvé ce buisson et avait décidé d'en faire un petit lieu de culte pour la défunte. Au départ, cela était secret, mais un jour Iness l'avait vu et Sharra avait eu le malheur de lui en parler. Aussi, cela vint aux oreilles de son vieux père.
"Ce n'est pas surr une tombe d'hérrétique que je me rrecueille, Baba. C'est surr celle de ma mèrre." répliqua-t-elle sans amertume, en touchant une dernière fois aux fleurs fanées qu'elle n'avait pas eu le temps de remplacer.
Le Vizir plissa ses yeux, jusqu'à écraser ses deux orbes noires entre deux rideaux de cils blancs. Il se pencha alors pour déposer son bâton à terre, et ses os craquèrent lorsque lui même s'agenouilla près de sa progéniture. Ils parlèrent longtemps de la mère et de l'épouse qu'avait été Rania Al'Wahid. Pas une seule fois, ils n'abordèrent le sujet de son hérésie, et les causes obscures de sa conduction au bûcher. Ils préféraient conserver de bons souvenirs, et laisser les mauvais aux profondeurs du désert. Au crépuscule, leur conversation s'était achevée, et ils rentrèrent ensemble vers le campement. Abd posait sur sa dernière fille un regard malheureux, t. Le caractère de Sharra était similaire à celui du fils dont il avait toujours rêvé - mais le Très-Haut Roi ardent en avait décidé autrement : il donna la vivacité d'esprit, le brin de courage, et le sens du devoir au corps d'une femme, plutôt qu'au corps d'un homme. Et il devait, à regret, éduquer la petite comme les autres femmes : quitte à étouffer ce caractère.
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