D'un pas irrégulier, Salem avançait dans le désert à la recherche du camp de son père. Quelques pas derrière lui, les charognards le suivaient d'un rythme lent, dans l'attente du moment où ils pourront se nourrir de sa chair.
Le sable coulait entre les doigts de ses pieds, s'agrippant parfois pour le faire chuter. Un souffle violent l'entourait de milliers de grains, érodant lentement le cuir, le tissu et la peau du jeune garçon tandis qu'il avançait à l'inconnu. Son univers sonore n'était plus qu'un grésillement intense, une prison d'hurlements stridents lui refusant les mélodies rassurantes de l'extérieur.
C'est alors qu'il se résignait à mourir dans les méandres oubliés du Khandraas qu'il fut libéré de la tempête. Une nuit paisible entoura ses épaules et le guida avec douceur dans le silence des ruines qui s'étaient dévoilées. Ici et là reposaient dans des lits de sable lisses les derniers témoignages des centaine de femmes mortes en ces lieux. Épuisé, le jeune Salem s'allongea à leurs cotés et les joignis dans leurs rêves éternels.
Au petit matin, il ne restait plus qu'une mer de sable dorée autour de lui. L'esprit serein, il se laissait baigner dans cette eau chaude et solide et chaque perle du désert se réfugia dans ses cheveux, sous ses ongles et à chaque pore de sa peau. Lorsqu'il se leva enfin, le désert lui présentait de nouveau son visage sévère. Cette fois, il n'y avait plus d'hostilité entre eux.
C'était il y a quelques années à présent, mais Salem se souvenait toujours de ce voyage où Khandraas fit de lui un homme.