Ce n'est pas en héro mais bien en Kheijan déchu qu'il revint à Najar'him, sa ville natale qu'il ne connaissait pourtant presque pas, tant ses souvenirs étaient disparates et lointains. Si l'emplacement était resté le même, la ville avait beaucoup changé (évolué) depuis. Ses derniers souvenirs remontaient à plus de 15 ans auparavant, au moment où il dût la quitter pour son fatidique rite de passage. Cela par contre, il s'en souvient. C'est ce qui a entraîné tout le reste.
Officiellement, il avait été considéré mort. Comme plusieurs, il n'était jamais revenu de l'épreuve. On ne l'avait jamais recherché après son échec, et il était tombé dans l'oubli, son existence reniée par tous. Une histoire banale si ce ne serait qu'en fait il avait survécu. Ses explorations l'avaient plutôt mené du côté des Ruines d'Iskanet.
Dès qu’il les aperçut, il comprit qu'elles étaient maudites, que le mal ici était puissant et omniprésent. Il voyageait dans une vallée desséchée sous la faible lumière de la lune quand il vu quelques piliers un peu plus protubérants dépassés au loin. La peur était là ; elle était même très forte. Mais il y avait une raison bien précise pour laquelle il avait décidé d'y arrêter, car c'était bien sûr plus par nécessité que par curiosité qu'il y avait trouvé refuge : son plan, de voyager la nuit, requérait un emplacement où le repos et le sommeil serait possible le jour.
Peu à peu toutefois, la peur céda la place à de la fascination pour ce lieu étrange, et longtemps il erra parmi les ruines tard dans la nuit à la recherche de signes ou d'inscriptions pouvant témoigner du passé. Il creusa le sable avec quelques outils de fortune, mais les progrès furent lents, et rien de significatif ne fut révélé. L’heure du sommeil venu, la crainte était toujours là, bien que moins tenace, et il n'osa pas y rester pour dormir. Il établit son campement à l'extérieur des ruines elles-mêmes, un petit endroit qu'il avait repéré auparavant. La tempête de sable qui s'ensuivit contribua peut-être à son sommeil troublé, où les rêves abondèrent. Des songes étranges dont il ne perçut pas le sens sur le coup.
Il se réveilla le lendemain avec le souvenir confus de ses récents cauchemars. Il vit la lune, pleine dans le ciel. Encore une fois il s'aventura en ces ruines maudites, à la faveur d'une luminosité plus que suffisante, à la recherche de reliques, vestiges d'une période archaïque et oubliée. Il constata que la citée avait dû être puissante, à en juger par ses proportions, et il se questionna sur la source et les origines possibles de cette grandeur. Cette citée, qui devait avoir un âge immémorable et dont personne n'avait jugé important de lui mentionner l’existence, l’intéressait maintenant au plus haut au point.
De plus en plus loin ses investigations le menèrent, et il en oublia complètement sa mission, ce pourquoi il était dans le désert. Il découvrit l'entré d'un passage souterrain, et s'y engagea sans hésitation. Celui-ci se révléa plus grand qu'il ne lui avait d'abord apparu, et l’investigation en fut laborieuse. Il y découvrit tout de même ce qu'il y cherchait. La tombe ornée des symboles de Narshoul lui apparut d'un intérêt immense. La fatigue revenait par contre, tout comme l'aube qu'il avait légèrement aperçue avant de s'aventurer en ces galeries. Il ne s'enfui pas cette fois, cependant. Son sommeil fut encore mouvementé, mais il n'en ressentit plus de frayeur. Le grimoire qu'il avait trouvé en cette crypte lui apportait maintenant du réconfort. Ses faibles notions de lectures étaient suffisantes pour lui permettre d'apprendre tout ce qu'il voulait.
Il s'oublia complètement durant ces nombreuses années. Plus rien n'occupa son esprit autre que ce mystérieux grimoire et ces ruines. Il resta 15 ans dans une solitude complète, celle-ci seulement troublé par les murmures occasionnels des morts qui venait parfois le hanter. Des esprits cohabitèrent avec lui durant tout ce temps, mais il n'en sut rien.
La raison pour laquelle il revint reste, même pour lui-même, inconnue. Son esprit malade décida un jour qu'il devait revenir à Najar'him, et c'est donc ce qu'il fit, sans se poser de questions. Peut-être pour répandre son savoir ; il n'en sait réellement rien. Même s’il sait qu’elle ne provient probablement pas de lui, il obéit aveuglément à cette volonté dont il ne peut discerner l’origine.